Chers lecteurs, il y a tant de vagues et tant d’idées qu’on n’arrive plus à décider le faux du vrai et qui aimer ou condamner. Cette découverte nous laisse dubitatifs et je serais curieux, en commentaire à ce post, que vous aussi exprimiez votre avis, votre ressenti, sur ce nouveau « paradis ».

 

 

Après une rapide traversée au nord de l’Argentine, nous voici au Paraguay. Avant de préparer notre route j’avais une idée des plus vagues de ce pays : quelque part au centre de l’Amérique du sud, chaud dans tous les sens du terme, non loin de l’Uruguay et c’est à peu près tout. A peine traversée la frontière le contraste avec l’Argentine est saisissant : paysages tropicaux, terre rouge sur les bas côtés, maisons de bois colorées ; tout le monde se déplace en deux roues et il flotte dans l’air comme un parfum antillais. La République du Paraguay, 7 millions d’habitants, reste en taille un petit pays à peine plus grand que l’Allemagne face à de gigantesques voisins. Aucun accès à la mer, nous sommes en plein centre du continent, au sud de la forêt amazonienne. Ici, bien que ce soit l’hiver, le ciel est bleu, les palmiers nous font de l’ombre et il fait 30°: le top !

 

 

 

Le pays est vert, l’agriculture une des premières ressources économiques du pays et la forêt luxuriante. Nous nous sommes arrêtés pour camper (gratuitement s’il vous plait ;-) ) dans une remarquable réserve naturelle où nous avons partagé le spot avec un adorable couple de français, 25 ans, parti d’Amazonie il y a 8 mois, libres et certains, un jour, de rentrer en France… « se difruten mucho en Paraguay ». Au cœur de ce gigantesque havre de paix nous avons pu apprécier des visites dans la foret, surprendre des perroquets et des tatous. Les pumas ne s’approchent pas des habitations mais en revanche au petit matin des dizaines de coatis (sorte de ratons laveurs) assiègent notre maison roulante à la recherche de gourmandises oubliées et de petits singes hurleurs font du toboggan sur le toit… génial !

 

 

un singe hurleur découvrant une chips; un farouche tatou tout carossé

Côté développement durable le pays à construit en 1980 un barrage commun avec le Brésil, Itaipu (classé parmi les 7 merveilles modernes comme le tunnel sous la manche, le plus puissant au monde) et aujourd’hui 3 barrages permettent au pays de produire et vendre dix fois plus d’électricité qu’il en consomme.

le barrage d’Itaipu produit à lui seul 90% de l’éctricité du pays et 10% de celle du Brésil… avec un impact irréversible sur l’environnement

Pour ne rien gâcher le coût de la vie est très bas : l’essence vaut moins d’un euro le litre, la côte de bœuf 8€/kg et nos courses nous coûtent entre 2 et 3 fois moins cher qu’en France. Impossible à cet instant de ne pas imaginer avoir découvert une pépite touristique, une destination secrète et préservée, comme nos champions de kart Bruno et Jean-Marc doivent le percevoir en arrivant sur le circuit d’Agadir en plein mois de janvier.

 

 

Foret tropicale dite secondaire (encore praticable, moins dense que la primaire)

 

Mais nous ne sommes pas au jardin d’Eden et la réalité est bien plus contrastée. Affranchi pacifiquement de l’Espagne au 19ème, le pays a vécu d’utopies… un « président » un peu audacieux et diplomate à simultanément conduit une guerre contre le Brésil, l’Argentine et l’Uruguay en 1870. 50 ans plus tard ce fut la Bolivie. La moitié de la population fut exterminée et nombreux Européens, notamment allemands s’y installèrent autour des années 1900 pour profiter de ces terres fertiles et dépeuplées. Tampon entre le Brésil et l’Argentine, dirigé dans les années cinquante par un président totalitaire petit-fils de colons Allemands, c’est assez naturellement que, comme l’Argentine de Peron, le Paraguay offrit l’exil aux gradés du troisième reich… il n’existe pas de chiffres mais le Mossad (services secrets israéliens) estime à environ 60 000 le nombre de personnes (familles comprises) ayant franchies l’atlantique à cette période sombre ; encore aujourd’hui ils traquent les derniers évadés. A la même époque l’administration, corrompue il va s’en dire, s’est appropriée les terres et depuis 2,3% de la population possède l’ensemble du territoire. Classé tiers-monde par l’ONU, le pays a des campagnes sans eau courante à coté de méga-fermes qui produisent à grand régime; des pick-ups rutilants à côté de mobilettes enfourchées par 4 membres d’une même famille (sans casque bien sûr). Les estancias font des dizaines de milliers d’hectares, les semenciers font la promotions de nouvelles graines OGM dans les villes et l’on grignote sur la foret pour toujours produire plus. Bien que 7 fois plus petit le pays exporte plus de viande que l’Argentine et atteint la quatrième place mondiale pour le soja : 2 récoltes par an !

 

 

 

Comme certains le font sur leur statut facebook, nous dirons que politiquement ici c’est « compliqué ». Les derniers présidents ont grandement amélioré les conditions des plus faibles mais leur accession au pouvoir ont value en 2012 une exclusion du Mercosur pour soupçon de coup d’état. La France n’y a d’ailleurs plus de représentation diplomatique et, la moitié occidentale du pays est la première région de production d’herbe du continent : s’y côtoient narco-trafiquants brésiliens et Farcs colombiens… « muy peligroso » nous a dit un policier de campagne.

Difficile après l’évocation de telles zones d’ombres de parier sur demain… pourtant il se dégage une énergie qui nous donne envie d’y croire ; le pays est beau, le patrimoine Jésuites fascinant et les gens sont accueillants : partout ils nous saluent et nous renseignent. Le pays a, notamment grâce à l’agriculture, atteint une stabilité économique que n’a pas l’Argentine. Côté politique l’actualité récente du Brésil est plus agitée qu’ici et il serait déplacé de leur faire le reproche de l’agriculture intensive alors que la France, la première, en a usé dans les années soixante-dix.

 

 

un tapir venu nous saluer… tout droit sorti de Star-Wars :-) Missions Jésuites de Trinidad inscrite à l’Unesco

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Le vrai gâchis c’est le propriétaire d’un parc de 220 hectares qui nous l’a soufflé. Ici la terre est très fertile et à l’image de l’Argentine, le climat est idéal pour la production de vins ; il y en a d’ailleurs eu dans les années 70 et à nouveau dans les années 90. Les Jésuites, qui avaient installés sur ces terres leurs missions, avaient introduits des cépages européens et la région était réputée pour ses gamays. Mais aujourd’hui les briques de vin sur lesquelles figurent le drapeau paraguayen sont produites au Chili (c’est inscrit en tout petit) et le pays, consommateur de vin, est la chasse gardée des géants de l’Argentine et du Chili. Volonté politique, corruption, influence… ceux qui décident préfèrent les céréales et toutes les tentatives de réintroduction de vignes se sont soldées par des échecs liés aux quarantaines douanières. Depuis 3 semaines nous avons parcourus 2000km, visité 3 pays, et la cinquantaine de références de vins est partout la même ;-( , environ 3 à 7€ la bouteille.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Malgré le drapeau et le slogan « mas querido en Uruguay » ce pinard est chilien. Ensuite un premier cru Brésilien !

Ce post à l’image du pays est très peu orienté sur le vin mais il participe à la compréhension du marché sud-américain. Avant de retrouver des terres de vignes au Brésil, je vous raconterai au prochain épisode comment, nous qui enquêtons sur le vin, avons trouvé de l’eau, énormément d’eau… je vous donne un indice, une des 7 merveilles du monde.

 

 

En conclusion, comme en introduction, j’emprunterai à John Milton ces mots :

« Nombreux sont ceux qui occupent des circonstances ; rares sont ceux qui remontent aux principes. »
John Milton, Le paradis perdu

Et vous, le Paraguay, qu’en dites-vous ? Le soleil, la faune et la flore, le farniente… seriez vous prêt à y aller en hiver (35° garantis) ou auriez-vous trop peur de cautionner le far-west ?