Comme je vous l’indiquais sur notre précédent post, nous devons attendre l’arrivée de notre camping-car à Montevideo et que ce soit lié aux conditions météo ou à la logistique de notre armateur italien, nous voici contraints d’attendre une semaine supplémentaire.

 

Soyons honnêtes, les vins que nous avons bus pour l’instant ne nous laisseront pas un aussi bon souvenir que la viande des Gauchos.

 

Briques de vin bien plus faciles à stocker; bouteilles spéciales coupe du monde et parillada : bbq d’exception !

En revanche une spécialité locale a titillée notre palais : le « Medio y Medio », un apéritif à bulles. Composé d’un mélange de vins mousseux que l’on vous sert frais, dans de simples verres à moutarde, c’est très désaltérant. Out le nature, oubliez la méthode champenoise ! Cépage moscatel (on en trouve au Portugal) vinifié à froid, on y ajoute du sucre pour l’adoucir et du gaz carbonique pour le faire pétiller comme du Perrier. Très fruité, arômes fruits jaunes qui tirent sur des notes muscatées, légère acidité… c’est l’un des rares « vins » blanc du pays. Ne pas en abuser sans prévoir de doliprane.

 

 

Après 4 jours dans la petite capitale uruguayenne, sous la pluie et le froid, à prier chaque matin St Gobain d’importer le double vitrage, nous prenons le bateau pour de « bons airs » … nous reviendrons à cette terre la semaine prochaine pour retrouver notre véhicule et prendre la direction des vignobles de la pampa.

 

Argentine nous voilà !

 

Traversé le Rio de la Plata nous débarquons dans une ville de près de 13 millions d’habitants, bouillonnante, bordélique et follement attachante. Les grandes artères au bitume défraichi, entourées d’immeubles anonymes, de parkings à voituriers, et de kiosques rappellent New York. 3 blocs plus loin, l’enchainement de petites maisons coloniales colorées, les rues pavées, les antiquaires, les cafés rétro font penser aux Marolles de Bruxelles. Tout a été. Les ruines témoignent d’un passé faste, les danseurs de tango se défient avec une sensuelle mélancolie et les bodegas illuminent les bouts de rue. Il flotte dans l’air une douce poésie.

 

  

 

Nous attendions de Buenos Aires une foultitude de bars à vin, de cavistes et d’ambassadeurs argentins… il n’en est rien. La ville compte 3 chaines de cavistes, une quinzaine d’adresses chacun, quelques indépendants, des superettes tenus par des chinois et tous distribuent essentiellement les mêmes bouteilles industrielles : Tappiche, Norton, Finca las Moras mais aussi les français de LVMH et Rotschild.

 

Terrazas des los Andes est le vin produit par LVMH en Argentine…

Imaginez si, en France, le premier réseau de cavistes appartenait au plus gros producteur de vin, que les supermarchés, avec 60% des ventes, distribuaient essentiellement les vins des industriels du jaja et que les grossistes en boissons tel France Boissons se chargeaient du reste de la distrib…

Et bien c’est le cas ! Le groupe Castel (Baron de lestac, Sidi brahim, Vieux papes, Listel, Beychevelles…) est propriétaire du réseau Nicolas et a créé la cité du vin de Bordeaux. La maison Richard, qui fournit Paris en café, produit ses vins et les vend aux particuliers dans son réseau ‘Intercaves’… Difficile dans ce contexte de permettre aux artisans d’exprimer leur différence.

 

  

 

Les Bordelais, qui ont grandement participé au développement de la vigne en Argentine, y ont également importé leurs travers en s’affranchissant de quelques règles Françaises. Les moines Jésuites avaient importé les raisins de variétés européennes pour produire des vins fins et progressivement les cépages solaires à haut rendement ont pris le dessus : malbec, tannat, cabernet sauvignon et chardonnay.

 

  

 

Tout le monde s’accorde à dire que les vins ont grandement progressés ces 20 dernières années ; soit. Ceux que nous avons goutés étaient en effet agréables, cependant neutres : amples, fruités, généreux… à notre grande surprise beaucoup étaient faiblement alcoolisés (12,5%). Le malbec est mûr et rond, le cabernet sauvignon a plus de structure, le tannat est rustique et épicé mais tout cela, même élevé en fût de chêne, manque d’âme et de corps. Aucune tension ni astringence, peu de tannins, une finale douce et fuyante : chaque bodega décline sa gamme en trois niveaux : 3,5$ la bouteille du petit vin peu concentré, 7$ l’offre intermédiaire et 15$ pour ‘la reserva’ de trois ans d’âge. Prime le type de cépage, puis la marque de la bodega qui le produit… le terroir est l’oublié. Cette vacuité de référence géographique s’explique par l’absence totale de réglementation mais c’est quelque peu déroutant… le pinot noir qu’il vienne d’Alsace, de Champagne ou de Bourgogne n’a tout de même pas le même goût !

 

L’absence de réglementation permet quelques transgressions… le brie est argentin, le camembert fait à Nancy dans l’usine Caprice des Dieux !

Quoi qu’il en soit ce premier pas citadin en Argentine est une invitation à en découvrir plus : leur matrice viticole n’est certes pas la nôtre mais leur culture, leur savoir-vivre et le savoir être nous a séduit.

 

 

A suivre nous vous dirons pourquoi, après une semaine en Argentine, la question qui nous hante est : sommes nous à l’aube ou au crépuscule d’une culture oenophile ? Mais assurément nous y avons une enquête à mener et nous sommes convaincus qu’il y’aura hors des grandes villes de jolies choses à découvrir ;-)

 

Vamos !